24.2.15

RELIGION (4) the nothingness - chinese ink drawing


Béla Hamvas
Le dessin chinois à l'encre

a translation of Béla Hamvas ideas on chines ink drawing and the philosophy of the nothing



Le dessin chinois à l'encre consiste en deux éléments : l'un est la ligne et la tache noires, l'autre est l'espace vide et blanc. Aussi longtemps que je regarderais le dessin avec un regard européen, commençant par la ligne et la tache noires et percevant l'expansion du blanc simplement comme un environnement, je ne le comprendrais pas. Je pensais que cela représentait un objet, un paysage ou une scène.

 

Dans un moment heureux j'ai réalisé que l'image comprenait deux forces formatrices de statut inégal. Le blanc n'était pas l'environnement, ni l'étendue passive, ni le vide, ni l'éventualité. Rien de tout cela! Plutôt c'est le blanc qui donne la forme au noir. C'est le blanc qui est la force sculptrice. Le rien. L'indéfinissable. L'infinitésimal. Tout ce qui existe pour l’œil européen n'est que la ligne et la tache noires. C'est uniquement ce qu'il peut voir. L'espace, le blanc, le rien ne peut pas être perçu. Dans un moment heureux je n'ai pas commencé du noir au blanc, mais du blanc au noir. Et c'était justement à ce moment là que j'ai compris le dessin chinois à l'encre. En même temps j'ai réalisé que bien que le blanc soit « à l'extérieur », le blanc est « l'environnement » et « l'espace », le blanc est donc à l'intérieur, et cela est le contenu, le personnel et le temporel. Il est donc nécessaire que je ne regarde pas de noir sensible au blanc, mais du blanc indéfinissable au noir. (Le sujet est la place d’où la réalité est visible). Je ne me déplace pas dans l'objet mais dans la force formatrice, dans le sujet, et pas dans le réel mais dans le magique. La peinture moderne est liée fortement au dessin chinois à l'encre. La seule faute de la peinture moderne est qu'elle débute encore par le noir, le sensible, l'objet; et considère l'espace comme vide et passif. C'est encore de l'idolâtrie. Du réalisme. Un complexe d'objet. C'est le fond. Ce n'est pas encore la réalité. Un grand peintre moderne serait celui qui reconnaîtrait que c'est le rien qui forme le quelque chose et pas l'inverse. Celui qui comprend que le blanc, le vide, l'espace et le sujet infinitésimal ne sont pas l'extérieure mais l'intérieure, ni le réel mais le magique, ni l'objet mais le sujet.

Je pense que le temps est venu qu'un tel peintre naisse. Aussi longtemps qu'on ne voit que les lignes et les formes, on voit seulement la moitié de l'image. Comme l'image européenne est seulement la partie extérieure de l'image réelle. Jusqu’à ce qu'on comprenne que le vide blanc qui a un effet de l'extérieur vers l'intérieur est exactement la force formatrice pénétrant de l'intérieur à l'extérieur, on n'a pas la moindre idée de ce qu'est la réalité picturale.

Silence

(notes au dessin chinois à l'encre)



Feruccino Busoni a écrit dans son esthétique de musique que dans la musique européenne il peut identifier seulement deux éléments concernant la musique réelle: le fermata (le point d'orgue) et la pause. La pause, le silence signifie la plénitude maximale des sons. Voilà, c'est ce qu'on voit dans le dessin chinois à l'encre comme espace vide, ou bien le rien. La musique européenne consiste en 98 pour cent de musique et 2 pour cent de pause (silence, espace, indéfinissable). Dans la musique chinoise, quand même, il y a au moins 60 pour cent de pause et 40 pour cent de musique. Le dessin chinois à l'encre flotte dans le rien. Il y a des images où on ne voit pas de pause – c'est étouffant. Dans une sculpture on peut découvrir la pause comme un torse, le membre manquant, l’œuvre laissée à l'état brut.

La pause tonnante


C'est pas l'objet qui doit être formé mais le rien. Une pause bien définie.

Le Dieu vit dans cette pause.

Ça ne s'est produit qu'une fois, dès l'existence du monde, le Dieu était au point de ne plus pouvoir supporter le déroulement des événements et il n'a presque pas dit un mot. Presque. Son cœur accélérait et il a voulu s'exclamer. C'était le moment où Jésus-Christ a poussé un soupir sur la croix: «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?» Mais il n'a pas parlé. Si seulement je savais ce qu'il voulait dire. Et après les mots de Jésus-Christ la plus grande pause est survenue. Une pause rugissante. Une pause tonnante.


image credits: lenscratch. jon wyatt; voicesofglass.wordpress.com; truthsimplified.com; pinterest.com.shelli777

UPDATE - REMARKABLE COMMENTS

D Blair Is gray an option?
T Beer ^depends on how many shades Dave
D Blair As many as you'd like...
D Blair Quantum Foam. Nothingness is infinite shades of anything you'd like. The Nothingness is Everythingness, n'est-ce pas? (...) Viktor: The best way perhaps to explain me is, "Zero, One, Infinity" They're separate yes, but they each have their "fingers" in each other, too. Quantum entanglement. Being as Newtonian as I can be I'd say that Absolute Nothing and Absolute Everything represent the same idea. From a Newtonian perspective we're kinda just talking about the lack of "particularity" here. (...) I'm not a Newtonian, but it sometimes helps to be understood if one uses that mode of worldview. I'm more of an Augustinian myself. All of Creation/Existence being a single, simple, willed wholeness, that can be/is/was/will be/etc, experienced in parts by it's various parts (some of which are us.) I don't believe in a God who's outside of time and space, who creates/fashions a time/space 4 or 5 D universe, winds up the Laws, then let's her rip. So I'm not a Deist. But if one wants to be, that's fine. (...) Perhaps we're being too visual? What are white and black but mental constructs? White light is all frequencies of light together (that we can see anyway.) Could smell or hearing be used to expand the conversation? Or might they contract it a bit?
JD Logan " What do you think about the nothing?"
I think only Atreyu and the Childlike Empress can save us from the Nothing....

K Wright Thats the trouble with oblivion: You never know it when you're there.. (...) The new representations of dark matter and how they cluster galaxies in strands reminds me of brain neurons. I like that..
 

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